2017 ou le grand désordre mondial


Il en va de ce millésime comme de tous les autres : les événements imprévisibles, plus souvent dramatiques que porteurs d'espoir, le disputent aux rendez-vous planifiés de longue date, mais qui réservent eux aussi leur lot de surprises. S'il est évidemment impossible de dresser l'inventaire des premiers, voici une liste non exhaustive des seconds, dont certains sont tout simplement susceptibles de changer la face du monde.
20 janvier : Donald Trump est investi quarante-cinquième président des États-Unis. Dire qu'à ce stade son mandat se résume à un immense point d'interrogation relève de l'euphémisme. Les prises de position successives du candidat ont le plus souvent été contradictoires.
Sa capacité à « présidentialiser » son style constitue une inconnue, au terme d'une campagne faite de déclarations à l'emporte-pièce, d'invectives et d'autocélébration. Et sa défiance à l'égard des agences de renseignements (qui le lui rendent bien) inquiète bien au-delà des frontières du pays. Pour paraphraser Metternich, quand les États-Unis s'enrhument, c'est le monde qui prend froid.
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15 mars : élections législatives aux Pays-Bas. En apparence, une formalité dans un pays dont l'influence sur la marche de l'Europe reste limitée. En réalité, ce scrutin va servir de révélateur de la progression du populisme sur le Vieux Continent. Année après année, le Parti pour la liberté (PVV) gagne du terrain, porté par la rhétorique islamophobe de son leader Geert Wilders. Condamné en décembre pour discrimination après avoir promis « moins de Marocains » s'il accédait au pouvoir, Wilders caracole désormais en tête des sondages, loin devant le Premier ministre de centre droit Mark Rutte.
Les enseignements d'une éventuelle victoire seront précieux, et pas seulement pour les Pays-Bas. Un parti modéré accepterait-il de former une coalition avec le sulfureux Wilders, rompant ainsi le « cordon sanitaire », cet accord tacite qui interdit de frayer avec l'extrême droite ? Ce succès aurait-il un effet d'entraînement sur d'autres pays, la France en premier lieu, qui enchaînera présidentielle et législatives quelques semaines plus tard ?
31 mars  : date limite à laquelle le Royaume-Uni doit déclencher la procédure de sortie de l'UE. En théorie, du moins, car ce calendrier risque d'être contrarié par l'incurie des dirigeants et des obstacles inattendus. Huit mois après le référendum, la Premier ministre Theresa May n'a toujours rien dit de ses intentions et les « Brexiters » s'opposent sur la marche à suivre. Il émane de l'ensemble une étrange impression d'incurie accentuée par la démission, début janvier, de l'ambassadeur britannique auprès des communautés européennes, Ivan Rogers.
À cela s'ajoute le suspense relatif à une question de procédure. La Cour suprême devrait statuer dans les prochains jours sur la nécessité de soumettre le Brexit à un vote des deux chambres du Parlement. Si tel est le cas, les délais risquent de s'allonger et les esprits de s'échauffer un peu plus.
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19 mai : élection présidentielle en Iran. Les prérogatives du chef de l'État restent limitées dans la mesure où les grandes orientations sont définies par le guide suprême, actuellement Ali Khamenei. L'enjeu n'en est pas moins de taille dans la mesure où la fonction a toujours été l'objet de luttes féroces entre conservateurs et modérés, catégorie à laquelle appartient l'actuel président Hassan Rohani.
Surtout, ce scrutin intervient dans un contexte international chargé. L'accord sur le nucléaire iranien a gelé le programme, mais, à terme, la question se reposera ; Téhéran est devenu un acteur de premier plan dans le conflit syrien, sur le plan aussi bien militaire que politique ; enfin, les relations entre le régime islamique et la nouvelle administration américaine pèseront d'un poids considérable sur l'avenir du Proche-Orient.
Septembre (ou octobre) : élections fédérales en Allemagne. Angela Merkel, qui brigue un quatrième mandat consécutif, aborde le scrutin fragilisée par la crise des migrants et l'attentat qui a fait douze morts à Berlin le 19 décembre, revendiqué depuis par Daech. À ce stade, elle fait pourtant figure de favorite, faute d'alternative crédible. Seule formation à pouvoir lui contester la chancellerie, le Parti social-démocrate (SPD) se traîne dans les sondages et son leader, Sigmar Gabriel, est toujours le mal-aimé de la politique allemande.
Reste l'inconnue Alternative für Deutschland (AfD), qui a connu une croissance fulgurante en faisant campagne contre les migrants et la politique d'accueil de la chancelière. Mais, comme aux Pays-Bas, on voit mal une autre formation accepter de former une coalition avec ce parti ouvertement xénophobe.
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Novembre : COP23. Après Paris, après Marrakech, la conférence sur le changement climatique se tient cette année à Bonn, mais elle est organisée par les îles Fidji, concernées au premier chef par l'élévation du niveau des océans. Ce rendez-vous sera l'occasion de prendre la juste mesure du climatoscepticisme de Donald Trump. Le candidat avait flatté son électorat en niant en bloc le rôle des activités humaines dans le réchauffement climatique, qu'en dira le président ?