Rapport sur l'insécurité: «La baisse de la petite délinquance rassure les Français»

La France a-t-elle peur ? Ce mercredi, l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) et l’Institut national de la statistique (Insee) ont publié leur dixième enquête annuelle* sur le sentiment d’insécurité et les faits de délinquance. Sans surprise, la vague d’attentats de 2015 a placé le terrorisme en tête des préoccupations des Français en matière d’insécurité. Mais tout n’est pas noir, et les résultats de cette vaste enquête démontrent une baisse générale du sentiment d’insécurité. Christophe Soullez, directeur de l’ONDRP, analyse pour 20 Minutes les principaux enseignements de cette enquête.

La menace terroriste est en tête des préoccupations des Français qui, dans le même temps, ressentent moins d’insécurité. Comment l’expliquer ?

Une partie de la population n’aborde pas les mêmes risques pour évaluer son propre sentiment d’insécurité. Les actes de vandalisme, les vols de voitures, les vols à la tire et les vols sans violence ont diminué, entraînant une baisse de la visibilité de ces infractions qui, de fait, sont moins nombreuses. Pour beaucoup de personnes, qui sont davantage exposées à la petite délinquance, la baisse de ces infractions rassure et participe de la baisse de leur sentiment d’insécurité. Aujourd’hui, les personnes interrogées se sentent plus en sécurité à leur domicile et dans leur quartier. Mais c’est vrai que le problème le plus préoccupant à leurs yeux est le terrorisme, qui a bondi (30,4 %) pour se placer juste après le chômage (30,9 %). Il y a un an, le terrorisme était la préoccupation majeure de 17,7 % des Français, loin derrière le chômage (38,3 %).
Dans le même temps, la cybercriminalité, qui concerne les arnaques à la carte bancaire, les retraits frauduleux sur les comptes bancaires, a explosé. Plus de 1,1 million de ménages se sont déclarés victimes de tels actes en 2015, contre moins de 900.000 l’année d’avant. Mais cela n’a pas pour autant générer une peur accrue chez les personnes interrogées : comme il s’agit d’infractions immatérielles assez rigoureusement remboursées par les banques, cette criminalité-là ne vient pas renforcer le sentiment général d’insécurité.